« La confiance et le financement : ingrédients essentiels pour la percée des soins assistés par le numérique »

Les soins assistés par le numérique ne devraient pas être une obligation. Les prestataires de soins et les patients doivent vouloir s’y mettre d’eux-mêmes. C’est ce qu’affirme Steven Vandeput, conseiller en technologies médicales numériques et en services et technologies d’assistance à domicile chez beMedTech.

L'interview s'inscrit dans la campagne Digital-In-Health de l'Inami à laquelle notre fédération participe (voir également l'encadré en bas de page pour plus d'info).

beMedTech collabore à la campagne « Digital-In-Health » de l'Inami dans la presse médicale. Une telle campagne était-elle nécessaire?

« Certainement! Aujourd’hui, la plupart des initiatives relatives aux soins assistés par le numérique sont des projets pilotes menés dans un nombre limité d’hôpitaux et avec un nombre restreint de patients. Pour percer à grande échelle, deux éléments sont nécessaires: un cadre de financement clair et une confiance suffisante chez les prestataires de soins. »

« Car au final, ce sont les prestataires de soins qui décident, avec leurs patients, d’utiliser ou non des outils numériques dans un trajet de soins. »

Comment estimez-vous aujourd’hui cette confiance chez les prestataires de soins?

« Les possibilités offertes par les technologies médicales numériques sont encore insuffisamment connues chez de nombreux prestataires de soins. Et il est difficile de faire confiance à quelque chose que l’on ne connaît pas (bien)... »

S.VandeputTh.Strickaert 0414« Avec cette campagne, l'Inami souhaite rendre tangibles les avantages des soins assistés par le numérique pour les dispensateurs de soins et répondre à leurs préoccupations. Avec beMedTech, nous sommes heureux de nous y atteler, en collaboration avec Agoria. Bien entendu, une seule campagne ne suffira pas. Instaurer la confiance est un marathon, pas un sprint. »

« Instaurer la confiance est un marathon, pas un sprint. »

« Des efforts sont également nécessaires dans d’autres domaines. Par exemple, des formations à destination des prestataires de soins et des initiatives en matière de littératie numérique pour les patients. Ce n’est pas pour rien que la littératie numérique en santé était inscrite à l’agenda européen en mars, à l’initiative des mutualités belges. » 

Vous mentionniez le financement comme deuxième condition.

« Sans financement structurel, les soins assistés par le numérique ne peuvent pas percer. Cela signifie que nous devons également instaurer un climat de confiance auprès des décideurs politiques. Tant qu’ils ne seront pas convaincus de la valeur ajoutée des soins assistés par le numérique, un cadre de financement ne pourra être établi. »

« Il n’y a pas si longtemps, les décideurs politiques considéraient les outils numériques principalement comme un coût pour les soins, et non comme un levier pour améliorer la qualité et l’efficience des soins. Mais la situation est clairement en train de changer. Les décideurs politiques comprennent de plus en plus notre potentiel. »

« Cette campagne en est la preuve. L'Inami envoie un message clair: nous croyons en la valeur ajoutée des soins assistés par le numérique. De plus, cette confiance va de pair avec le financement. En octobre 2023, l'Inami a lancé un nouveau cadre de  financement pour les applications médicales mobiles. »

« Avec cette campagne, l'Inami envoie un message clair: nous croyons en la valeur ajoutée des soins assistés par le numérique. »

« Ce nouveau cadre est-il déjà parfait? Non, mais c’est logique. Il s’agit toutefois d’une nette amélioration. Et une déclaration: les soins assistés par le numérique sont là pour durer. »

Comment la Belgique se situe-t-elle par rapport aux autres pays?

« Lorsque les projets pilotes relatifs à l’e-santé ont été lancés en 2016, notre pays était un pionnier sur la scène internationale. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de financement structurel pour une seule application, alors que 4 à 5 applications ont reçu une évaluation positive il y a déjà plusieurs années. »

« Pendant ce temps, nos pays voisins nous dépassent. En France et en Allemagne, par exemple, les autorités remboursent déjà toute une série d’applications numériques. Même si cela ne se résume pas à cela. »

Qu’entendez-vous par là précisément?

« En Belgique, nous ne voulons pas financer les technologies en tant que telles, mais bien leur utilisation dans le cadre d’un trajet de soins. C’est une question de bon sens. Mais élaborer un cadre de financement intégré à cet effet nécessite beaucoup plus de temps que rembourser simplement des applications. »

« Nous ne plaidons pas pour qu’un tel cadre transversal soit élaboré à la hâte, mais bien suffisamment vite. Sinon, nous raterons des opportunités pour les patients et les prestataires de soins belges. »

Si vous pouviez voir se réaliser un rêve cette année, quel serait-il?

« Obtenir un financement pour au moins 3 ou 4 trajets de soins assistés par le numérique. Cela ouvrirait soudain des perspectives d’innovation numérique dans d’autres itinéraires de soins. Car voir l’innovation, suscite l’innovation. Et l’innovation est essentielle pour améliorer en permanence les soins aux patients. » 

Campagne Digital-In-Health

Cette interview s'inscrit dans la campagne Digital-In-Health de l'Inami.

Intégrer des technologies numériques innovantes aux soins de santé peut apporter une valeur ajoutée tant aux patients qu’aux prestataires de soins. Avec cette campagne, l'Inami veut faire connaître davantage encore aux prestataires toutes les possibilités offertes par une intégration pertinente de ces technologies dans leurs processus de soins et les inviter à sauter le pas.

Notre fédération soutient l'initiative en collaboration avec Agoria.

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