Des moyens fédéraux pour une étude de suivi sur le monitoring du diabète à domicile

Le parcours de soins hybride pour le diabète de l’AZ Maria Middelares et i-mens reçoit un financement du SPF Santé publique aux fins d’une nouvelle étude clinique. L’étude de suivi devrait, on l’espère, confirmer les résultats prometteurs de la première étude. Au niveau du logiciel, le choix du partenaire s’est porté sur Comarch. « Notre application de télésurveillance est modulaire », explique Stef Schots. « On s’en sert pour le diabète dans ce cas-ci, mais rien n’empêche de l’utiliser pour d’autres maladies. »

Une première étude clinique relative au parcours de soins hybride pour le diabète de type 2 s’est terminée il y a peu. Elle portait sur 100 sujets. Les 50 patients diabétiques du groupe test ont mesuré leur glycémie et leur tension artérielle chez eux pendant neuf mois. Ces valeurs étaient envoyées sur leur smartphone via Bluetooth et transmises, via l’app HomeHealth 2.0 de Comarch, aux opérateurs infirmiers de la centrale de soins Z-plus.

Ces opérateurs surveillaient les patients 24 h/24. En cas de valeurs anormales, d’évolution négative ou d’enregistrement manqué de paramètres, ils contactaient le patient, envoyaient un éducateur en diabétologie sur place ou, si nécessaire, appelaient un médecin ou une ambulance.

Une glycémie plus stable

« Notre étude a montré une réduction des pics et des chutes de glycémie chez les participants », explique Dorien Vandormael, responsable de l’innovation chez i-mens. « Les patients contrôlaient donc mieux leur glycémie. En revanche, nous ne sommes pas encore parvenus à démontrer une diminution significative de la valeur HbA1c, c’est-à-dire la glycémie moyenne sur 2 ou 3 mois. Cela s’explique par la taille restreinte du groupe et la durée limitée de l’étude. »

« Avec les nouvelles technologies, le défi consiste à ne pas perdre le côté humain. Les soins à distance ne doivent pas devenir une usine et les patients doivent utiliser votre solution avec plaisir. C’est le cas ici : la plupart des participants ont préféré le nouveau parcours de soins à l’éducation au diabète classique. Si tel n’avait pas été le cas, nous aurions immédiatement tout arrêté. »

Le coût doit baisser

Les partenaires du projet ont également examiné le rapport coût-efficacité. Dorien : « Il ressort de cette analyse que si l’on suivait des patients diabétiques pendant 22 ans dans le cadre d’un parcours hybride, on estime qu’ils gagneraient 5,97 années en bonne santé (Quality-Adjusted Life Years ou QALY). Un excellent résultat sur le plan individuel, mais sur le plan macro-économique, le coût reste trop élevé. La référence actuelle pour une QALY gagnée dans notre pays est de 45 000 euros. Dans notre projet, nous tournons encore autour des 100 000 euros. »

« Si l’on suivait des patients diabétiques pendant 22 ans dans le cadre d’un parcours hybride, on estime qu’ils gagneraient 5,97 années en bonne santé. Mais le prix par année est encore trop élevé. »

« Nous voulons faire baisser le prix en augmentant l’efficacité et en suivant les patients plus longtemps. C’est au début que le nombre d’interventions est le plus élevé. Au terme de l’étude, on n’en dénombrait plus qu’une par patient et par mois. Nous voulons encore réduire ce chiffre. Le coût de la technologie doit baisser, lui aussi. »

Compte tenu des résultats prometteurs, une étude de suivi va à présent être réalisée sur deux fois plus de patients pendant 11 mois. Dorien : « Le SPF Santé publique nous accordera 800 000 euros de subventions dans le cadre de l’appel à projets numériques innovants lancé fin 2023. L’AZ Maria Middelares porte le projet avec nous et quatre autres hôpitaux. »

Convivialité

StartschermLe parcours de soins hybride sur le diabète fait appel au logiciel de Comarch. « Notre solution se compose de deux éléments », explique Stef Schots, Business Development Manager e-health Benelux. « HomeHealth est l’application qui aide le patient à mesurer ses paramètres et lui rappelle de les mesurer. Cette assistance peut prendre la forme de texte ou d’images. »

Ce n’est pas anodin, poursuit Dorien : « Les patients qui souffrent de diabète de type 2 ont un horaire de mesure assez irrégulier. Ces rappels leur sont d’une aide précieuse. S’ils oublient une mesure, un opérateur infirmier de Z-plus les contacte. »

« Les patients qui ont recours à la télésurveillance souffrent généralement d’une maladie chronique ou sont suivis avant ou après une intervention chirurgicale », explique Stef. « Ils ont souvent un certain âge. Nous devions donc développer une app aussi conviviale que possible. On ne voit que les boutons indispensables. »

Qu’est-ce qu’une télésurveillance efficace ?

Il manque encore un cadre cohérent, estime Dorien. « Nous aimerions que l’INAMI définisse avec précision la télésurveillance de qualité et l’intervention au bon moment. » 

« Ce qui coûte le plus cher avec la télésurveillance, ce ne sont pas les interventions, mais la disponibilité 24 h/24. Un constat en contradiction avec l’actuel système de financement à la prestation dans notre pays. Pour s’imposer socialement, la télésurveillance et les soins à distance ont besoin d’une forme de financement basée sur la valeur, qui encourage les organisations à maintenir leurs patients en bonne santé. »

Dorien : « Dans le cadre de la nouvelle étude, les patients pourront indiquer dans quel domaine ils souhaitent une aide : sevrage tabagique, alimentation plus saine ou activité physique accrue. Ils pourront contacter facilement un tabacologue ou un diététicien, et recevoir des conseils via l’app. Un questionnaire leur sera soumis chaque mois pour faire le point. Z-plus leur apportera alors une aide ciblée. »

Autres maladies

Outre HomeHealth, la solution de Comarch comprend également e-Care, une plateforme numérique qui alerte l’équipe soignante en cas de mesures anormales.

« Notre solution est modulaire », explique Stef Schots. « Nous nous en servons actuellement pour le diabète, en collaboration avec i-mens, mais rien n’empêche de l’utiliser pour d’autres maladies. L’Algemeen Stedelijk Ziekenhuis d’Alost mène un projet pilote dans le cadre duquel des patients atteints de maladies cardiaques chroniques sont suivis à domicile avec HomeHealth. Nous lancerons, à l’automne, une étude de faisabilité pour quatre autres pathologies. »

« Les soins à domicile engendrent encore trop souvent une perte de temps qui pourrait être évitée. »

Pour Dorien, les soins hybrides sont des soins personnalisés, prodigués au bon moment par la bonne personne. « Les soins à domicile engendrent encore trop souvent une perte de temps. Vous arrivez chez le patient et vous vous rendez compte que votre visite n’est pas nécessaire ce jour-là. Nous voulons éviter cette perte de temps en travaillant à partir de données afin de déterminer quand le patient a besoin de nous et si notre présence physique apporte une valeur ajoutée. La proximité des soins s’en trouve-t-elle compromise ? Absolument pas : vous êtes là quand le patient en a le plus besoin. »

Une app qui rassure

L’app de soins à domicile pour le diabète n’est pas non plus une belle-mère ou un beau-père qui vous rappelle à l’ordre constamment, explique Dorien.

« Les patients trouvent que l’app les assure : si leurs valeurs ne sont pas bonnes, on les appellera ou l’éducateur en diabétologie passera les voir. Il ne s’agit donc pas de remplacer l’éducation à domicile au diabète, mais de la compléter par la télésurveillance et les soins à distance. D’où le qualificatif “hybride”. La dimension humaine est maintenue. Vous serez toujours en contact avec un collaborateur de Z-plus, pas avec un robot ou une IA. »

Demande de remboursement

i-mens souhaite que le parcours de soins hybride fasse l’objet d’un remboursement classique. « Nous allons déposer une demande remboursement au titre d’application mobile médicale auprès de l’INAMI », explique Dorien. « Si cette demande aboutit, la voie sera ouverte pour d’autres applications. Car les soins hybrides font désormais partie de la stratégie de base d’i-mens. »

« Nous comptons introduire la demande cet automne. Nous devrons ensuite attendre 18 mois avant de connaître la décision. Un long délai ? Pas vraiment. C’est même plutôt rapide dans le domaine des soins. Dans le scénario idéal, les patients qui participent à la deuxième étude pourront directement bénéficier d’un parcours de soins remboursé. »

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