Hans : « Le patient est un partnenaire dans le système »

Selon le professeur Guy Hans, directeur médical de l’UZA, les appareils médicaux numériques présentent de nombreux avantages. Il insiste toutefois sur l’importance de les utiliser correctement.

L'interview s'inscrit dans la campagne Digital-In-Health de l'Inami à laquelle notre fédération participe (voir également l'encadré en bas de page pour plus d'info).

Le déploiement des technologies médicales numériques dans les programmes de soins s’accélère. « Les applications numériques sont utiles avant et après une opération », explique le professeur Guy Hans, directeur médical de l’hôpital universitaire d’Anvers (UZA) et coordinateur du centre de la douleur de l’hôpital d’Anvers.

Évaluer les risques

« Nous établissons un profil de risque avant toute opération. Nous savons qu’Guy Hansenviron 10 % des patients risquent de développer une douleur chronique. Ce chiffre est même beaucoup plus élevé dans certaines populations à risque. D’où l’importance d’identifier rapidement les patients à risque afin de pouvoir se préparer », poursuit le professeur Hans.

« Nous envoyons un questionnaire et des informations aux patients via une app. Nous pouvons désormais procéder à grande échelle, ce qui est impossible quand il faut le faire manuellement ou par téléphone. En présence d’un patient “à risque”, nous entamons un traitement au préalable et nous personnalisons le programme de soins à l’hôpital. »

Suivi ultérieur

« Les outils numériques font également leurs preuves à l’autre bout du spectre, dans le cadre du suivi des traitements », poursuit le professeur Hans. « Une fois le traitement terminé, on veut savoir s’il a fonctionné ou s’il faut passer à l’étape suivante. »

« Nous avions l’habitude de programmer une consultation de contrôle durant laquelle nous demandions au patient comment s’étaient déroulées les semaines qui avaient suivi l’opération. Une question compliquée, qui donnait parfois lieu à des débats entre le patient et son partenaire, qui, avec le recul, ne portaient pas le même regard sur la période postopératoire. »

« Ces données recueillies en continu sont beaucoup plus objectives que celles que les patients doivent se remémorer des semaines écoulées lors des consultations. »

« Nous disposons désormais d’outils numériques qui nous permettent de recueillir des informations à des stades intermédiaires. Ces informations sont, de surcroît, beaucoup plus objectives. Nous pouvons aussi aller bien plus loin et demander des informations qui englobent d’autres aspects que la gestion de la douleur proprement dite. Nous pouvons, par exemple, nous pencher sur la qualité de vie ou la réinsertion socio-économique. »

« Le patient indique son ressenti dans l’app. Ces données sont ensuite intégrées automatiquement. Nous demandons à certains patients de transmettre des informations tous les jours via un journal, accompagné ou non de questionnaires validés. Pour d’autres, la fréquence est plus faible. »

Vaste projet pilote

« La télémétrie permet, en outre, d’enregistrer objectivement des informations supplémentaires telles que la température, le rythme cardiaque ou la pression artérielle. Certains patients sont équipés d’un tracker d’activité, qui indique s’ils bougent suffisamment après une intervention chirurgicale majeure. Ce n’est toutefois pas encore systématique pour tous les patients. »

L’UZA déploie actuellement un vaste projet pilote dans le cadre duquel plus de 700 patients sont invités à répondre à un questionnaire préopératoire. « Nous espérons pouvoir étendre la procédure, dans le courant de l’année, à tous les patients qui doivent subir une intervention chirurgicale », explique le professeur Hans.

« Le projet cible les patients hospitalisés pour une intervention chirurgicale à risque, mais nous espérons pouvoir le déployer à plus grande échelle prochainement. Nos programmes de soins numériques comportent également des outils éducatifs tels que des vidéos, des textes, des missions et des exercices destinés à guider au mieux le patient. »

Partenaires actifs

Les patients, quel que soit leur âge, sont clairement ouverts à ces nouveaux développements. « À condition qu’ils soient considérés comme des partenaires actifs. Nous ne devons pas imposer ces changements unilatéralement ; le patient doit, lui aussi, trouver des avantages majeurs dans l’utilisation des outils numériques. »

« Le patient doit, lui aussi, trouver des avantages majeurs dans l’utilisation des outils numériques. »

Le problème vient de l’aspect financier. « L’hôpital assume le coût du projet pilote, alors que le gouvernement devrait faire sa part », estime le professeur Hans.

« Si un hôpital peut démontrer que cette façon de travailler permet de réduire les coûts parce que le patient est hospitalisé moins longtemps, une partie de ces économies devrait pouvoir servir à rembourser les frais encourus par l’hôpital, à condition, bien sûr, de mettre en place un contrôle de la qualité et un suivi des indicateurs. On pourrait ainsi déployer les projets plus rapidement et à plus grande échelle. »

« Il ne fait cependant aucun doute que le gouvernement entend lui aussi changer les choses, comme en témoignent les récentes initiatives en matière de santé mobile et, plus largement, de santé numérique. Attendons donc de voir ce que nous réserve l’avenir », conclut le professeur Hans.

Campagne Digital-In-Health

Cette interview s'inscrit dans la campagne Digital-In-Health de l'Inami.

Intégrer des technologies numériques innovantes aux soins de santé peut apporter une valeur ajoutée tant aux patients qu’aux prestataires de soins. Avec cette campagne, l'Inami veut faire connaître davantage encore aux prestataires toutes les possibilités offertes par une intégration pertinente de ces technologies dans leurs processus de soins et les inviter à sauter le pas.

Notre fédération soutient l'initiative en collaboration avec Agoria.

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