Briganti : « Digital medtech va réhumaniser les soins »
Les technologies numériques médicales peuvent-elles être un atout à la fois pour les prestataires de soins et pour les patients? Le Dr Giovanni Briganti, chargé de cours titulaire de la Chaire Intelligence artificielle et Médecine digitale à l’UMons, en est convaincu. Pour lui, elles vont même réhumaniser les soins.
L'interview s'inscrit dans la campagne Digital-In-Health de l'Inami à laquelle notre fédération participe (voir également l'encadré en bas de page pour plus d'info).
En quoi les technologies numériques médicales (applications, intelligence artificielle...) peuvent-elles aider les prestataires de soins?
Giovanni Briganti: Selon moi, elles peuvent aider les prestataires de soins à cinq niveaux. Premièrement, elles accroissent la qualité des soins aux patients.
« Des études ont montré que ces technologies améliorent la qualité de vie au travail des professionnels de la santé. »
Deuxièmement, des études ont montré que ces technologies améliorent la qualité de vie au travail des professionnels de la santé. Troisièmement, elles peuvent optimiser le flux d’organisation logistique et pratique tant des médecins que des pharmaciens. Quatrièmement, elles permettent d’accélérer la recherche scientifique. Cinquièmement, elles permettent de mieux piloter les politiques de santé publique.
Les médecins sont-ils assez/bien formés à ce type de matériel?
GB: La plupart des médecins et des pharmaciens sont motivés à s’y former. L’éducation à ces technologies n’a pas été suffisante les dernières années, mais c’est une dynamique qui est en train de s’enclencher.
Récemment, nous avons lancé une chaire d’enseignement et de recherche en intelligence artificielle (IA) dont les objectifs principaux sont de promouvoir l’enseignement et la recherche, des cours dans le cursus des professionnels de la santé relatifs à la santé digitale et l’IA, mais aussi de la formation continue pour les prestataires de soins, comme le certificat interuniversitaire en santé digitale et IA.
En quoi les technologies numériques peuvent-elles aider les patients?
GB: De manière générale, ces technologies font en sorte que nous avons des patients plus informés, plus participatifs, plus alertes, ce qui est une bonne chose! Il faut néanmoins gérer l’aspect « fatigue des alertes » que ces technologies peuvent générer.
« Il faut néanmoins gérer l’aspect fatigue des alertes que ces technologies peuvent générer. »
Je suis convaincu que les applications vont réhumaniser les soins en permettant notamment au médecin de se libérer de certaines tâches sans valeur ajoutée et d’avoir plus de temps pour écouter son patient avec empathie.
Que faudrait-il d’après vous pour favoriser le développement des technologies numériques médicales?
GB: Il faudrait faire en sorte que tout le coût de ces technologies ne repose pas sur les prestataires de soins qui les adoptent, avec notamment des initiatives open source et favoriser le remboursement de ces technologies pour que les patients puissent y avoir accès sans frein financier.
En outre, il faut aussi des initiatives de validation, c’est-à-dire des initiatives qui viennent valider les applications médicales qui se trouvent sur le marché belge.
Depuis le 1er octobre, les associations professionnelles et scientifiques peuvent introduire des demandes de remboursement à l’INAMI pour une application médicale?
C’est une très bonne chose car cela va dynamiser la création des applications. Notons toutefois qu’à ce jour, on ne sait pas encore sur quelle base économique on va pouvoir assumer ces remboursements sachant qu’un modèle économique spécifique pour le remboursement à long terme de ces technologies n’a pas encore été développé.
Campagne Digital-In-HealthCette interview s'inscrit dans la campagne Digital-In-Health de l'Inami. Intégrer des technologies numériques innovantes aux soins de santé peut apporter une valeur ajoutée tant aux patients qu’aux prestataires de soins. Avec cette campagne, l'Inami veut faire connaître davantage encore aux prestataires toutes les possibilités offertes par une intégration pertinente de ces technologies dans leurs processus de soins et les inviter à sauter le pas. Notre fédération soutient l'initiative en collaboration avec Agoria. |