« Les nouvelles technologies doivent améliorer les années en bonne santé »

Pour le Pr Sandy Tubeuf, professeure d’économie de la santé à l’UCLouvain, une technologie qui apporte un gain sur la qualité de vie est utile, même si elle ne permet pas de réaliser directement des économies.

L'interview s'inscrit dans la campagne Digital-In-Health de l'Inami à laquelle notre fédération participe (voir également l'encadré en bas de page pour plus d'info).

Quel regard portez-vous sur les nouvelles technologies en santé au niveau de la recherche ?

S.Tubeuf Th.Strickaert bis« Ce qui me semble important, c’est de chercher à comprendre comment ces nouvelles technologies améliorent ou pas le parcours de soins des patients. »

« Au niveau de la recherche, cela intéresse différentes disciplines. En tant qu’économiste de la santé, je me demande si elles améliorent la santé des patients, leur parcours de soins et si elles sont coût-efficaces[1]. »

« Mes collègues éthiciens s’interrogeront sur la relation médecin-patient qui devient virtuelle ou à distance ; les sociologues se pencheront sur la capacité d’utiliser la technologie pour tous les patients et la possible mise en évidence d’inégalités, etc. »

Vous êtes donc en train de dire que les nouvelles technologies doivent être approchées avec un regard interdisciplinaire ?

« En effet. Le cadre d’évaluation de telles nouvelles technologies doit mobiliser différentes disciplines pour être le plus robuste et le plus approprié possible. C’est le plaidoyer que nous avons tenu dans une recherche interdisciplinaire où nous mettions en avant que nos disciplines respectives proposaient chacune des outils limités à une seule dimension. »

« Il est essentiel de mesurer comment ces nouvelles technologies atteignent les objectifs de santé. »

 « La capacité à prendre différentes dimensions ensemble permettrait une évaluation plus complète et appelait donc à l’interdisciplinarité. »

Si on revient à votre casquette d’économiste de la santé, qu’apportent, selon vous, les nouvelles technologies en santé ?

« Il est essentiel de mesurer comment ces nouvelles technologies atteignent les objectifs de santé. Il s’agit de savoir si elles améliorent les années en bonne santé, le parcours de soins et aussi si elles sont un substitut à un autre soin ou si elles arrivent en support additionnel. »

« Selon moi, même si elle ne permet pas de faire des économies, la technologie qui améliore la qualité de vie reste utile. »

Ces nouvelles technologies peuvent-elles être coût-efficaces ?

« Si une technologie vient remplacer un autre soin, elle peut être coût-efficace, mais il faudra le vérifier. »S.VandeputTh.Strickaert 0414

« Il me paraît important d’analyser ce qui se passe avec les patients pour lesquels la technologie n’est pas envisageable. Selon moi, on ne peut pas présupposer que tous les individus accepteront d’utiliser une technologie et en bénéficieront. Il est important d’analyser dans un premier temps l’efficacité et dans un second temps le rapport coût-efficacité. »

Quelles sont les points d’attention par rapport à ces nouvelles technologies ?

« A mes yeux, il est important d’avoir une adhésion tripartite autour de l’utilisation de nouvelles technologies. Une nouvelle technologie utilisée par un patient mais pas par son prestataire de soins ou son assureur est vouée à l’échec. »

« Une nouvelle technologie utilisée par un patient mais pas par son prestataire de soins est vouée à l’échec. »

« L’utilisation de la nouvelle technologie fait partie d’un contrat qui lie les différents membres de la relation médicale. Il s’agit, selon moi, d’une condition sine qua non à la réussite de l’utilisation de ces technologies. »

[1] Coût-efficace fait référence à une approche ou une méthode qui atteint son objectif tout en tenant compte à la fois du coût (combien est dépensé) et de l’efficacité (à quel point cela fonctionne). En somme, être coût-efficace signifie trouver un équilibre entre les coûts engagés et les résultats obtenus, afin d’obtenir le meilleur rapport qualité-prix. 

Campagne Digital-In-Health

Cette interview s'inscrit dans la campagne Digital-In-Health de l'Inami.

Intégrer des technologies numériques innovantes aux soins de santé peut apporter une valeur ajoutée tant aux patients qu’aux prestataires de soins. Avec cette campagne, l'Inami veut faire connaître davantage encore aux prestataires toutes les possibilités offertes par une intégration pertinente de ces technologies dans leurs processus de soins et les inviter à sauter le pas.

Notre fédération soutient l'initiative en collaboration avec Agoria.

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